OSE : QUEL URBANISME POUR ORLEANS ?

Orléans est issue d’une boucle de la Loire et du besoin de franchir le fleuve pour permettre les échanges. Historiquement, la Loire, obstacle naturel, protège Orléans au Sud. Une ceinture de murailles, les boulevards actuels, régule l’accès à la ville sur la rive nord.

Demain, Orléans doit s’adapter au réchauffement climatique, et promouvoir un urbanisme qui tienne compte des défis écologiques et sociaux annoncés.

Orléans doit relever plusieurs défis sociaux et environnementaux majeurs :

– Stopper l’étalement urbain et l’artificialisation des sols ;

– Réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par la ville et ses habitants ;

– Adapter la ville au réchauffement climatique ;

– Réduire les pollutions atmosphériques, sonores et visuelles qui touchent en priorité les habitants les plus modestes ;

– Valoriser le patrimoine architectural et paysager de la ville.

Les actions à mener pour y parvenir s’organisent en trois grandes priorités :

1- Développer  la ville sans l’étendre

Concilier l’accueil de nouveaux habitants et la préservation de poumons verts au cœur de l’agglomération

La préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers est aujourd’hui un enjeu majeur qui appelle une gestion économe du foncier.

Le territoire orléanais est aujourd’hui urbanisé à 78 %. Les 22 % restants sont constitués d’espaces naturels (16 % incluant la Loire) et d’espaces agricoles (6 %).

Or, la gouvernance actuelle a entrepris l’aménagement de plus de 100 hectares de nouvelles ZAC (zone d’aménagement concertée) qui consommeraient une grande partie des  derniers grands espaces non-bâtis de la métropole : la ZAC des Groues,  la ZAC de Fil Soie et la ZAC Val Ouest… Le calendrier de ces projets doit impérativement être remis en question et leur contenu revu,  pour permettre le maintien de vastes poumons verts en cœur d’agglomération.

Orléans est cependant une ville en croissance, qui a besoin d’offrir du logement à de nouvelles populations désireuses de se rapprocher du centre-ville tout en bénéficiant d’un environnement de qualité. Pour répondre à cette demande la priorité doit être donnée au renouvellement de la ville sur elle-même, au sein des espaces déjà construits :

– Encourager la réhabilitation et la remise sur le marché de logements vacants (10 % des logements à Orléans!) ;

– Entreprendre la reconversion des friches urbaines ;

– Favoriser une densification raisonnée des secteurs d’habitat individuel, en privilégiant les extensions et surélévations des maisons existantes plutôt que les constructions dans les cœurs d’îlot végétalisés, qui doivent être préservés.

Protéger les espaces agricoles urbains et périurbains

Orléans, territoire de tradition horticole et maraîchère, doit préserver ses derniers espaces agricoles, qui assurent deux fonctions complémentaires : fournir une production locale en circuit court (fruits ou légumes) et atténuer les effets du réchauffement climatique par le maintien d’espaces non-urbanisés à proximité ou au sein de la ville.

Dans le Val inondable en particulier, l’activité maraîchère du secteur des Fontaines doit être préservée et renforcée, ainsi que l’activité agricole du secteur des Montées, entre le stade de rugby et le Parc floral.

Maîtriser le développement des zones commerciales périphériques

Orléans doit peser au sein de la Métropole pour édicter dans le cadre du SCOT un document d’aménagement artisanal et commercial (DAAC) qui permette de stopper enfin le développement des zones commerciales périphériques qui dévitalisent les centres-villes.

Promouvoir de nouvelles formes urbaines

Pour créer de nouveaux logements tout en limitant la consommation d’espaces, il est nécessaire de développer de nouvelles formes urbaines qui concilient densité et qualité de vie :

– Préconiser, dans le cadre du PLU, la solution des parkings groupés, couramment pratiquée dans les pays d’Europe du Nord, pour libérer les abords des logements de l’emprise et des nuisances de la circulation automobile ;

– S’inspirer d’une particularité orléanaise, les quartiers de venelles (Châteaudun, St Marc, St Vincent…), aujourd’hui très prisés malgré les contraintes d’accessibilité qu’ils présentent, pour développer un mode d’habitat qui donne la priorité au calme et à la convivialité sur l’accès direct en voiture ;

– Favoriser des projets d’habitat participatif conçus par leurs futurs habitants, par exemple en leur réservant du foncier.

2- Lutter contre le réchauffement climatique tout en adaptant la ville à ses conséquences

Reverdir la ville et déminéraliser l’espace public

En 2019, Orléans a connu deux épisodes successifs de canicule qui ont fortement éprouvé les populations les plus fragiles (enfants, personnes âgées, malades…) ainsi que les personnes travaillant à l’extérieur.

Les espaces urbains très minéralisés stockent le rayonnement solaire et génèrent une élévation de la température ambiante de plusieurs degrés en été. Certains secteurs d’Orléans – notamment le centre-ville, dense et peu végétalisé – sont particulièrement exposés à ces surchauffes qui sont encore aggravées par la chaleur émise par les moteurs thermiques des véhicules et par les appareils de climatisation.

Pour lutter contre ces pics de chaleur, favoriser la biodiversité et éviter l’imperméabilisation et l’assèchement des sols, Orléans doit encourager la végétalisation de l’espace urbain et sa déminéralisation :

– Déployer l’utilisation de l’arbre comme “parasol” du piéton et du cycliste ;

– Créer des îlots de fraîcheur à l’intérieur de la ville sous la forme d’espaces arborés ;

– Appliquer dans le cadre du PLU un « coefficient de biotope» limitant la part des surfaces artificialisées sur les terrains publics ou privés ;

– Développer l’usage des revêtements de sol permettant l’infiltration des eaux pluviales : sols végétalisés ou revêtements perméables ;

– Encourager la végétalisation de certaines façades exposées au rayonnement solaire afin de créer une évaporation naturelle (création gratuite par les services municipaux de bandes de pleine terre en pied de façade).

Favoriser l’éco-construction

La commune ne peut à elle seule orienter les choix des constructeurs vers des matériaux biosourcés, mais elle dispose de plusieurs moyens d’action pour les favoriser :

– Encourager -du moins ne pas décourager- l’usage de matériaux biosourcés lors de l’instruction des autorisations d’urbanisme ;

– Privilégier les matériaux biosourcés dans les constructions publiques ;

– Favoriser la constitution d’un réseau de distribution de ces matériaux, qui fait cruellement défaut aujourd’hui (aucun point de vente spécialisé dans la Métropole).

Partager l’espace public au profit des mobilités alternatives à la voiture

Les voitures occupent une part de l’espace public très supérieure à leur contribution réelle à la mobilité des habitants. Un nouveau partage de l’espace public doit être favorisé au profit des mobilités douces et des transports en commun, si nécessaire par la mise à sens unique de certaines voies.

Un réseau structurant d’itinéraires cyclables sécurisés et continus sera ainsi créé, (en s’inspirant notamment du réseau « chronovélo » qui se déploie en ce moment à Grenoble) en commençant par un axe nord-sud et un axe Est-ouest.

3- Améliorer le cadre de vie de tous les Orléanais

Lancer la requalification des mails

Dans leur physionomie actuelle, marquée par l’omniprésence de la voiture (absence de piste cyclable!) les mails sont devenus un anachronisme qui dégrade fortement l’image d’Orléans. Une profonde requalification  est nécessaire pour leur rendre leur statut initial d’espace public propice à la promenade et à la sociabilité.

Cette requalification permettrait de renouer un lien entre l’intra-mail et les faubourgs, alors que les mails sont actuellement perçus comme une barrière. Un large débat doit être organisé en amont pour définir le cahier des charges d’un concours d’urbanisme qui s’affranchira du premier projet élaboré il y a une dizaine d’année, lequel ne remettait pas assez en question la fonction de pénétrante routière de cet axe. La transformation du cours des Cinquante otages à Nantes, effectuée il y a près de trente ans, peut  constituer une référence.

Requalifier les faubourgs et les entrées de Ville

Le centre-ville a bénéficié depuis les années 90 d’une rénovation patrimoniale forte dans le cadre de la ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).

Cette rénovation contraste avec le délaissement de plusieurs axes situés au-delà des mails tels que le faubourg Bannier, la rue Émile Zola, les boulevards de Québec et Guy-Marie Riobé, le faubourg Bourgogne, qui offrent aujourd’hui un aspect dévalorisant : mauvais état de nombreuses façades, mobilier urbain anarchique, place excessive de la voiture, invasion publicitaire, voiries et trottoirs vieillissants…

La requalification globale de ces espaces doit être engagée, au moyen d’actions qui ne se limitent pas à la seule réfection de la voirie : aide à la rénovation du bâti et des façades, végétalisation, redynamisation commerciale, remise à niveau du mobilier urbain et des réseaux,  maîtrise de l’affichage publicitaire…

La requalification urbaine et paysagère des entrées de ville doit aussi être engagée, en particulier aux abords de la RD2020 (entrées nord et sud)  actuellement dévalorisées un urbanisme commercial anarchique.

Poursuivre  la mutation du quartier de La Source

La rénovation menée avec le soutien de l’ANRU a fortement modifié la physionomie de La Source. Cette évolution doit être complétée par plusieurs actions :

– Favoriser la connexion avec le centre-ville par le renforcement de la liaison bus directe, la création d’axes cyclables sécurisés et l’étude d’une gare/halte ferroviaire derrière le CNRS ;

– Renforcer la diversité des fonctions urbaines du quartier en y soutenant l’implantation d’activités tertiaires ;

– Engager le réaménagement et la valorisation du campus en « Parc naturel urbain » dans la continuité du Parc Floral.

Réduire la présence de la publicité dans l’espace public.

Orléans s’est dotée d’un règlement local de publicité (RLP) relativement permissif, qui favorise l’envahissement de l’espace public par la publicité, notamment sur des supports d’affichage de grande dimension (8m2) très présents le long des axes routiers d’entrée de ville et jusqu’aux portes de l’hyper centre, sur les mails notamment. Contrairement à de nombreuses autres agglomérations, Orléans a autorisé les panneaux numériques qui génèrent une pollution visuelle et lumineuse très prégnante, ainsi qu’une consommation électrique importante.

La présence de la publicité dans la ville est renforcée par de nombreux dispositifs implantés au sol qui contribuent à l’encombrement de l’espace public et entravent souvent les déplacements des piétons. C’est notamment le cas de tous les panneaux d’affichage numérique installés aux abords des stations de tramway par le prestataire publicitaire dans le cadre du marché global passé avec la Métropole.

Orléans doit s’inspirer de l’exemple de Grenoble qui a récemment supprimé une grande partie du « mobilier urbain » publicitaire.

Crédit photo : vivre à Orléans : https://www.vivre-orleans.fr/project/rue-des-halles/