Covid-19 : le témoignage d’un colistier d’OSE

Morgan JACQUOT a 34 ans. Il est l’heureux papa de quatre garçons (de 2 à 17 ans). Il habite dans le quartier Murlins-Blossières. Il est membre de la liste OSE.

Avec sa femme, depuis le mois d’Octobre 2019, ils ont ouvert, comme gérants, un restaurant en plein centre-ville d’Orléans. Celui-ci est plus précisément situé 3 rue du Petit Puits.

Il emploie six salariés en CDI pour son activité de vente de plats mexicains sur place ou à emporter.

 Les produits qu’il utilise pour confectionner les plats sont principalement locaux sauf pour les produits « typiquement mexicains » comme les haricots noirs /pintos, les avocats, etc. Toutes les viandes sont d’origine France.

Nous avons pris le temps d’une interview virtuelle avec lui afin qu’il nous décrive sa situation et son quotidien depuis  le début de la pandémie

Quelle a été ta réaction à l’annonce du confinement ?

« Nous sommes restés ouverts 1 journée après l’annonce du confinement, et nous avons mis en place un service « sans contact » avec des commandes possibles uniquement via notre site internet et via les plateformes Uber / Deliveroo. Pourtant, malgré ces conditions, nous pensions que le risque, même minimisé par les mesures barrières, était encore présent »

Quelle a été ta décision face à ce constat ?

 « Nous avons décidé d’arrêter totalement l’activité dès le 17 mars. Nous ne voulions pas faire courir de risques à nos salariés, nos  clients, et nos livreurs  – Faire différemment aurait été  hypocrite de notre part – La fermeture de notre établissement nous paraissait être la seule solution pour combattre le COVID-19.

En ces temps de confinement quelles sont tes principales préoccupations professionnelles ?

« Mon objectif est de continuer de gérer l’administratif et d’utiliser tous les dispositifs mis en place par le Gouvernement, les banques, l’URSSAF, etc ; afin de surmonter cette crise et envisager l’avenir de la plus sereine des façons une fois la situation revenue à « la normale » si l’on peut dire cela…

Du côté de notre assurance, nous n’avons pas pu faire jouer la garantie perte financière dans la mesure où la pandémie n’est pas prise en compte dans le contrat. En revanche, mon agent général m’a informé qu’un fonds spécial commerçants/restaurateurs avait été créé à leur niveau, et qu’ils allaient nous soutenir. Concrètement, nous ne savons pas à quoi cela va correspondre. Nous verrons bien.

Et concernant le chômage partiel ?

« Nous avons eu une petite frayeur, puisque le bruit courait que les restaurants en capacité de maintenir l’activité via la livraison ne pourraient pas en bénéficier… Mais nous avons reçu une confirmation par mail. A priori, le chômage partiel va nous être accordé. Affaire à suivre…

As-tu des contacts avec des services de la métropole, de la CCI… ?

« Nous avons eu un appel téléphonique de la part du service Commerce d’Orléans Métropole qui recensait les commerçants ouverts pendant le confinement. Dans le cadre de la demande de chômage partiel, nous avons des contacts par mail avec l’UD45. Hormis cela, pas de contact avec la ville d’Orléans, la Région Centre-Val de Loire ou autre… Aucun contact non plus avec la CCI. »

Et avec les autres commerçants ?

« Dans la mesure où la majorité des commerces sont fermés, nous n’avons que très peu de contacts avec les autres commerçants. Nul doute que cette solidarité se mettra en place au moment où nous pourrons réouvrir! »

As-tu été témoin d’actes de solidarité ?

 « Je suis confiné à la maison avec ma femme et mes enfants. Je sors juste pour aller au restaurant m’assurer que tout va bien. Dans ces conditions, je n’ai pas pu être témoin d’actes de solidarité. En revanche, via les réseaux sociaux, j’ai pu voir que le restaurant Nachos d’Angers, qui est resté ouvert quelques jours de plus que nous, a livré des repas gratuits au CHU d’Angers. »

Quelle est ta journée type en ce moment ?

Mes journées tournent beaucoup autour de mes garçons. 4, il faut les occuper!! Le matin, j’ai le petit dernier qui vient me réveiller. Ensuite, nous enchaînons sur le petit déjeuner. Puis vient le moment des devoirs pour mon fils de 11 ans qui est en CM2 et de travaux plus light pour mon fils de 6 ans qui est en grande section. Malgré les devoirs des uns et des autres, avec Emilie, ma conjointe et associée, nous traitons les mails, l’administratif, la communication via les réseaux sociaux.

Même pendant le confinement, et d’ailleurs, surtout pendant le confinement, il ne faut pas mettre de côté la communication. Emilie travaille étroitement avec notre tête de réseau, sur les posts Facebook, Instagram, Linkedin. Des posts dans lesquels nous essayons de mettre en avant les valeurs que nous portons. Après, c’est reparti… Il faut aussi se mettre aux fourneaux pour les repas  de toute la famille.  En début d’après-midi, sieste pour le plus petit, et détente pour les plus grands.  Nous avons la chance de pouvoir profiter du jardin et du beau temps. Ces derniers jours ont été très ensoleillés. Nous avons conscience d’être chanceux, tout le monde n’a pas de jardin. Le confinement doit être d’autant plus compliqué à vivre !»

Quand nous sortirons de cette crise, que faudra-t- il, d’après-toi, repenser pour notre ville, en matière de commerce ?

« Quand nous sortirons de cette crise, Ne restons pas « coincé » dans le pessimisme. Il faudra être optimiste et croire en l’avenir. Ce genre de crise peut tout à fait se reproduire. Il faut garder cela en tête et agir en conséquence. Consommer davantage local lorsque cela est possible. Être moins dépendants des autres pays. Repenser notre système de santé. Peut-être inventer de nouveaux services qui permettraient de maintenir certaines activités en cas de confinement. Développer le télétravail, etc. »

Crédit photo : Anthony Bourgoin